Pour la première fois, le Liban autorise un mariage civil
Au Liban, c'est une petite révolution. Pour la première fois, un couple s'est marié en dehors du système religieux.
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Le centre-ville de Beyrouth, rénové après la guerre civile © Maxppp
La mariée s'appelle Khouloud, elle a 30 ans. Son époux s'appelle Nidal, il a 29 ans. Dans Le Monde, Laure Stephan raconte toute l'histoire de ce couple. Leur première rencontre a eu lieu en classe, en 2009. Khouloud enseignait l'anglais. Nidal était son élève. Elle en rit encore : "Il n'a pas appris l'anglais. Il est tombé amoureux de moi". Les jeunes gens sont tous deux musulmans. Elle est sunnite. Il est chiite. Mais peu importe. Ils refusent de se définir à travers leur religion. Depuis qu'ils sont adolescents, Nidal et Khouloud militent pour que le Liban soit un Etat laïque. Dans ce pays multiconfessionnel, c'est une gageure. Mais pour le couple, c'est une question de principe.
Une union civile
En 2011, quand Khouloud et Nidal décident de se marier, ils veulent le faire à leur façon : leur union doit être civile. A priori, leur démarche est impossible ; tout mariage doit être religieux. Mais grâce à un avocat, le couple découvre une brèche dans la loi libanaise. Pour être précis, un article de loi qui date de l'époque où le Liban était sous mandat français. Il autorise les Libanais à se marier civilement, mais seulement s'ils n'appartiennent à aucune confession.Une brêche dans la loi libanaise
Personne n'a jamais recours à cette loi. Khouloud et Nidal vont être les premiers. Malgré les pressions, malgré les critiques, ils vont défier la règle commune. A leur naissance, ils ont été enregistés selon la communauté de leur père : chiite pour Nidal, sunnite pour Khouloud. Le couple demande à l'Etat civil de retirer la mention de leur confession. Ils ne veulent plus être qualifiés de chiites ou de sunnites. Ils veulent être présentés comme des Libanais. Ni plus, ni moins.L'opposition des autorités
L'avocat enregistre leur union. Mais ensuite, les jeunes gens se heurtent à un mur. Les autorités refusent d'homologuer leur mariage. Et l'affaire devient publique. Elle divise le Liban. Dans Le Monde, Laure Stephan décrit une vraie bataille : d'un côté, des Libanais qui soutiennent le couple ; et de l'autre, des chefs religieux et politiques scandalisés par ce geste qui heurte la tradition. Nidal et Khouloud persistent et signent : "Le mariage civil, disent-ils, est une revendication de la société". Ce n'est pas seulement une affaire de symbole. Le mariage civil est plus favorable aux femmes que le mariage religieux, par exemple en cas de divorce, pour la garde des enfants.Le couple se bat pour arriver à ses fins
Le couple tient bon, et il a raison. Car finalement, le ministère de l'intérieur accepte d'enregistrer leur union. Et le président libanais, Michel Sleimane, leur adresse ses félicitations. La loi devrait maintenant évoluer. Khouloud est soulagée. Dans Le Monde, elle explique n'a rien contre la religion mais qu'elle veut rester libre : "Je suis fière d'être musulmane, dit-elle. Mais la foi est d'ordre privé... L'appartenance confessionnelle influe sur tout au Liban : le travail, la région où l'on vit... Je veux me sentir partout chez moi dans mon pays."http://www.franceinfo.fr/decryptage/l-histoire-du-jour/l-histoire-du-jour-aod-971947-2013-05-01#comments